Entre Bhoutan et Birmanie, la jungle oubliée

Nous avons modifié la nomination du lieu pour éviter la confusion. Beaucoup de spectateurs ne lisent que rapidement le synopsis du film et s’attendent à trouver l’Himalaya minéral, celui des cimes, visible dans nombre de reportages de montagne. Ils n’ont pas été déçus mais surpris.

Un "road-trip" de 75mn tourné en janvier et septembre durant la mousson aux confins Est de l’Himalaya, entre Bhoutan et Birmanie.
Il nous faudra pas moins de quatre mois (trois séjours) pour atteindre et parcourir quelques vallées de cette contrée deux fois plus vaste que notre Suisse voisine : recouverte à 80% par la jungle, la province indienne de l’Arunachal Pradesh est fermée à l’étranger dès le début du XVIII ème siècle éloignant toute approche occidentale y comprise celle des ethnologues du monde entier.
Elle s’entrouve aux occidentaux en 2002 et c’est avec un permis particulier, complémentaire du visa indien, que l’on y pénètre aujourd’hui.

Vous allez partager nos trajets : trains, bacs, bus, taxis collectifs, rickshaw, poussepousse et trek, des temples hindous de la plaine tropicale du Brahmapoutre au Sud, aux monastères bouddhistes de l’Himalaya minéral sous la frontière tibétaine au Nord.

Notre première étape, l’île de Majuli : menacée de disparition par l’érosion fluviale, elle abrite encore vingt deux satras (monastères) dont celui de Kalamabari.
On y vénère Vishnu et son incarnation Krishna. Pour être comprise de tous, cette communauté illustre les textes sacrés de ses danses. La grâce des « moines-paysans », épouses du Dieu, interpelle et bouscule nos repères occidentaux…

L’ethnie des Apatani nous accueille.
Une des vingt six tribus d’Arunachal. Un plateau d’altitude, le grenier à riz de la province. Des visages de femmes tatoués, des piercings bien singuliers mais un accueil chaleureux ponctué de rituels et de danses.

Nous atteignons la Siang River (le Brahmapoutre himalayen) coupant la jungle de ses méandres turquoise.
Notre interprète nous attend devant le pont de bambou suspendu qui nous permettra de rejoindre Pema, ses filles et Takyiang son beau-père, chasseur et bâtisseur émérite dont les souvenirs n’ont pas pris une ride…
C’est ici qu’elle a connu son mari, au coeur de cette région où chaque vallée possède un langage exclusif et des croyances animistes. Les règles gérant le mariage, la naissance et la mort y sont formelles…

Le soir de ce 15 janvier, les hommes rentrent de la chasse, une expédition annuelle et traditionnelle de deux jours et deux nuits. La jungle est giboyeuse, les rituels incontournables…

En septembre, alors que la mousson n’était pas terminée, nous sommes allés découvrir Tawang. Pema est née là-haut, à deux pas du Tibet. Elle avait six ans dans les années soixante lors du conflit Sino-indien.
Devant la menace d’être annexés par Pékin, ses parents ont fui la zone frontalière.
Sa jeune soeur nous accueillera dans ce berceau natal, froid, bouddhiste et libre, à seulement 80 kilomètres de la frontière chinoise.

Un trek au travers de la jungle nous permet d’atteindre le hameau de Yibuk.
Personne n’y a jamais vu d’occidental, sauf à la télé lorsqu’ils vont au marché, là-bas, au pied de la vallée, à cinq heures de marche du premier sumo (taxi collectif). Mais aujourd’hui nous sommes là et allons coucher chez Yaka, la jeune chaman.
Comme toute la communauté, elle prie pour recevoir la protection du Dieu Soleil et de son petit frère, la Lune…
Yaka possède une aura reconnue dans toute la vallée. Elle y dispense soins et délivrances au son de ses incantations.
Le riz est planté, les pluies tropicales sont à l’oeuvre, reste à prier les Dieux pour que la récolte soit bonne : c’est la fête du « Solung »...

Le film : un aperçu...

Une première séquence de notre document, notre première étape : sur l'île de Majuli, le satra de Kalamabari. . . Une deuxième séquence : notre cheminement pour atteindre le village de Yibuk qui, jusqu'alors, n'avait jamais reçu la visite d'occidentaux. A la suite, en bonus, une très courte séquence Off, pour notre chauffeur qui nous a suivi dans ce trek. Yaka, la chaman chez qui nous logeons, décèle chez Sukumar, un avenir proche entaché d'ombres et de problèmes graves. Lorsque notre dernier petit déjeuner se termine, avant notre départ, Yaka entame un rituel singulier... . . Une troisième séquence : notre séjour chez les Apatani du plateau de Ziro en compagnie de notre interprète Michi Tajo, des traditions incontournables, des croyances enracinées, un animisme ancien, ses chamans...